Barahona ! Peu de monde y va encore mais ca��est lA� qua��il faut aller A� la recherche de la��innocence perdue dans une nature originelle prA�servA�e des traces polluantes de la civilisation.
Un de ces endroits qui vous laisse la��illusion da��A?tre le premier A?tre humain A� le dA�florer. Trois parcs nationaux y protA?gent des plages dA�sertes de sable blanc aux eaux qui vont du turquoise au bleu profond, des lagunes vertes aux A�lots peuplA�s da��animaux rares, et un fameux lac salA� A� 40 m sous le niveau de la mer.Bien que Barahona ait son aA�roport international Maria Montez, personne na��y est jamais arrivA� par la voie des airs, A� part de Porto-Rico, la seule ligne rA�ellement internationale qui y atterrisse. Dommage car il aurait A�tA� assez chic da��atterrir dans un aA�roport Maria Montez, Maria Africa Garcia Vidal de son vrai nom, native de Santa Cruz de Barahona et future A�pouse de la��acteur-sA�ducteur franA�ais Jean-Pierre Aumont. Elle fut une magnifique actrice des annA�es 40, A� la beautA� et A� la��A�lA�gance toute caraA?be, tout A� fait dans le ton de ce que nous avons envie de montrer de la RA�publique Dominicaine dans ces pages.
Ca��est donc par la route, au dA�part de la capitale Santo Domingo, que nous mA�mes le cap vers la��ouest, curieux de dA�couvrir cette rA�gion un peu A� part dans le coeur des Dominicains. Ils la considA?rent rA�ellement comme un de leurs joyaux tout en la��ayant toujours laissA�e A� la��A�cart de leurs investissements en infrastructures touristiques.
On sa��en rend da��ailleurs trA?s vite compte en encaissant les successions de nids de poule de cette soi-disante autoroute de la��ouest. Comme si au fond ils ne tenaient pas tant que A�a A� voir dA�ferler dans ces vastes territoires protA�gA�s aux A�quilibres fragiles les millions de touristes jusqua��A� ce jour canalisA�s en grande majoritA� vers Punta Cana, A� la��est, rA�gion totalement domestiquA�e par la��industrie du tourisme.Ce qui ne veut pas dire que les plages na��y sont pas belles, au contraire, ni que les hA?tels, les golfs et les palmiers ne tiennent pas leur promesse. Mais ca��est un autre visage des CaraA?bes et de la RA�pDom, plus A� la��usage des AmA�ricains et des simples consommateurs de soleil. Da��ailleurs, la��autoroute vers Punta Cana est, elle, une vraie autoroute, toute neuve et toute roulante, et des avions en ligne directe da��AmA�rique et da��Europe atterrissent sur son aA�roport.
Mais oublions Punta Cana que le Club Med A� la��A�poque oA? il savait choisir les plus beaux coins du monde pour implanter ses villages avait A�lu, pionnier de ce qui est depuis devenu A� la fois la Riviera et la CA?te da��Azur da��ici. Ca��est la partie sauvage qui nous intA�resse, plein sud-ouest, direction la frontiA?re haA?tienne.
Dormir dans la canopA�e
AprA?s 5 bonnes heures de route et quelques sensations fortes au cours de ces 200 km ponctuA�s de manoeuvres de dA�passement hasardeuses, nous voici enfin en approche de la Casa Bonita, la��A�colodge qui va A?tre notre base pour sillonner la rA�gion.
A vrai dire, le choix avait A�tA� un peu limitA�. On avait bien repA�rA� le Rancho Platon au km 38 aprA?s Barahona. Dans la montagne, aprA?s 7 km de piste en 1A?re courte du 4X4 et plusieurs franchissements A� guA� du torrent qui dA�vale jusqua��A� la mer CaraA?be.
Des bungalows de bois perchA�s dans les branches des arbres en surplomb de la riviA?re et , autour de Manuel Toral Jr, le crA�ateur de ce ranch A� vert A�, une super A�quipe de filles, les siennes et sa femme. On y passera une nuit magique A� dormir dans la canopA�e. SA�rement idA�al pour se sA�dentariser, passer quelques jours et se laver la tA?te des bruits de la ville. Mais notre objectif est da��explorer le coin et du coup la��approche du ranch est un peu longue.
La Casa Bonita, da��accA?s plus facile, sa��avA�rera A?tre un trA?s bon choix, au point qua��on la considA?re aujourda��hui, avec le recul, comme la��une des meilleures adresses de RA�publique Dominicaine. Ce matin, en route vers la Bahia de los Alguilas, A� la plus belle plage du monde A�, en fait dA�jA� la 2A?me A� le revendiquer rien que dans cenumA�ro de Travel Style & Life, la��autre A�tant Whiteheaven Beach en Australie, oA? la��un de nous est allA� se baigner en combinaison rose fluo, mA�duses A� stinger A� obligent.
Des tonnes de soleil
Des kilomA?tres de piste dans la��immense parc national Jaragua, peu da��arbres, des tonnes de soleil, une lumiA?re blanche aveuglante. Une barque de pA?cheur part du village oA? nous dA�jeunerons tout A� la��heure da��une langouste grillA�e sous la paillotte. Elle nous conduit le long de rochers surplombA�s de hauts palmiers jusqua��A� cette inaccessible plage des aigles. Une courbe majestueuse de sable blanc immaculA�. Pas da��ombre et la mer CaraA?be dans toutes les nuances de bleu.
La rare sensation da��A?tre les premiers humains A� laisser nos traces. Johan Guyot, un FranA�ais, le guide da��Ecotourbarahona, compagnon indispensable de ces randonnA�es en terre sauvage, a pensA� A� la glaciA?re et aux biA?res. Pas trA?s stylA� dans cet environnement A� la puretA� originelle, mais prendre un verre prA�cisA�ment lA� a aussi son charme. Et il fait vraiment trA?s chaud.
Vue le lendemain, la lagune Oviedo, autre grande attraction naturelle de cet immense parc Jaragua dont la plus grande partie de ses 1370 km2 est en mer avec les A�les Isla Beata et Isla Alto Velo, et la��une des plus immenses des AmA�riques avec ses 28km2 da��eau jaune A� force de salinitA�, est un spectacle saisissant.
Des rives sans vie baignA�es da��une lA�gA?re mousse saline. Le silence juste rompu par le souffle A� peine audible des vols de flamands roses. Les A�lots de la lagune sont des rA�serves da��oiseaux marins. La��un da��eux est le sanctuaire des rares iguanes rhinocA�ros.
La traversA�e est un grand moment de dA�pouillement. Dieu qua��on est loin de toute idA�e mA?me de civilisation. Au ras de la��eau, surface sans fin A� la couleur dA�rangeante, jaunA?tre, verdA?tre. On frA?le les mangroves. Les oiseaux, perchA�s sur les buissons da��A�pineux des A�lots, ignorent notre A�quipage. La rencontre avec les iguanes rhinocA�ros se passe bien. A croire qua��elles nous attendaient dans la petite anse oA? nous abordons leur A�lot. Elles sont suffisamment grandes pour A?tre impressionnantes mais pas assez pour A?tre effrayantes. Juste dans la��entre-deux pour se faire des sensations A� peu de frais.
Dans le genre, on se demande da��ailleurs si la��on na��a pas lA� le privilA?ge de revivre des sensations proches de celles qua��on dA� A�prouver ses compagnons et Christophe Colomb lui-mA?me quand ils posA?rent pour la premiA?re fois le pied sur un rivage du Nouveau Monde. Ca��A�tait da��ailleurs sur cette A�le, Hispaniola, mais sur la��autre cA?te, cA?tA� Atlantique, au nord, A� la Isabela.
Le retour A� la nuit tombante renouvelle avec talent le clichA� du coucher de soleil. Prochaine A�tape : on remonte le long de la frontiA?re haA?tienne, cap au nord. Une zone de montagne A� franchir pour arriver au lac Enriquillo, de la��eau salA�e A� 80 km de la mer, et une colonie de milliers de crocodilesa�� La��Ouest dominicain, ca��est vraiment renversant de beautA� naturelle, ca��est aussi assez sauvage.
Texte Dominique Bouchet, photos : Dominique Bouchet et Didier Bahers