Un rite sacré, fervent et coloré qui unit à jamais non seulement les mariés mais plus encore deux familles.
Un moment important qui concerne non seulement la famille et les proches, mais aussi toute la communauté autour, les voisins, les amis d’amis. Souvent c’est tout le quartier qui participe. Couramment deux cents à trois personnes.Nous n’avons pas eu à chercher longtemps. En questionnant les employés de notre hôtel, nous avons su qu’un des leurs se mariait bientôt. Les Hindous étant très ouverts et accueillants nous fûmes tout de suite invités.
C’est ainsi que nous prîmes un samedi le chemin du Petit Raffray, en route vers la résidence de la famille de la future mariée. Car, particularité des mariages indiens, ils ne se déroulent pas dans un temple mais exclusivement au domicile de la fiancée.
Trois saris
Sadna Natoo est magnifique dans son sari. Elle en portera trois de trois couleurs différentes durant les cérémonies. Seule la famille et les proches sont là en veille de mariage.
C’est la cérémonie du safran. Sadna est entourée de femmes, ses mains peintes de mystérieuses volutes et cercles. Son visage, ses épaules, ses genoux, ses pieds sont tour à tour et plusieurs fois enduits de safran dilué dans de l’eau en guise de purification.
Seules les femmes mariées participent au rituel qui se poursuit par une fête. Les femmes dansent, les hommes regardent et chantent.
Les invités sont là sous la tente qui a été dressée. Un immense banquet se forme. Boire et manger sont distribués. Chacun, vient, repart. Ils seront sept cents à défiler chez les Natoo à l’occasion de ce mariage.
“Pandit”
C’est le lendemain, dimanche, que le « vrai » mariage, la rencontre des deux fiancés et des deux familles, eut lieu. Nous étions toujours au domicile des parents de Sadna.
Cette fois Sunny apparut, beau, habillé comme un prince de légende, coiffé d’un turban rouge et or, d’une tunique blanche brodée.
Fiancés et familles vont alors à la rencontre des uns, des autres. Sadna lance des pétales de fleurs sur Sunny qui approche. Il entoure bientôt le cou de sa promisse d’un collier de fleurs. Le père de Sadna accueille le père de Sunny.
Chacun se donne l’accolade et échange fruits, felurs, cadeaux, symboles de la nouvelle union des deux familles. Chants et incantations résonnent tandis que le couple se dirige vers l’estrade où officie le « Pandit », maître de cette cérémonie religieuse.Sunny boit de l’eau entre ses mains avant que le prêtre en appelle à la protection des Dieux par une série de prières et de rituels.
Protection pour leur couple, leur famille, et les enfants qu’ils auront. Sept fois Sadna et Sunny tournent autour d’un petit bûcher. Ils s’attachent ensemble pour témoigner qu’ils s’unissent. Et une nouvelle fois, ils forment un cercle devant le feu. Un drap les masquent un instant. Le temps que Sunny impose le tika sur le front de Sadna. Le signe qu’elle est désormais mariée.
Les prières reprennent, riz et fleurs sont lancés vers le nouveau couple. Mère et fille pleurent. Son mari l’entraîne dans son carrosse, une limousine noire flamboyante. Au troisième jour du mariage, le lundi, les familles, Sadna et Sunny et leurs amis se retrouveront une dernière fois ensemble pour poursuivre la fête. Ce n’est que dans la soirée que Sadna et Sunny s’échapperont de la maison.